It's so insane. You've got me tethered and chained. I hear your name. And I'm falling over

Alexander avait pourtant essayé d'être silencieux. Quittant la chambre sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller la délicieuse rouquine qui dormait à ses côtés. Lui qui n'était même pas sorti pour draguer avait une fois de plus fait des ravages. A peine entré dans le bar il s'était fait offrir bon nombre de verres. Il avait trouvé cela assez drôle de voir deux cougars se crêpaient le chignon pour savoir laquelle allait lui mettre le grappin dessus. Surtout qu'au final, ni l'une ni l'autre n'avait réussir à l'attraper dans leur filet. Il avait en effet rapidement remarqué une rousse incendiaire le déshabillant du regard. Et n'étant pas du genre à refuser quoique ce soit à une belle femme, il l'avait raccompagné chez elle. Le réveil avait cependant était bien moins agréable. Passé le moment de perplexité -quelques verres de trop dans le nez lui faisait se demander où il se trouvait à son réveil. Il avait vite compris la situation et quitté discrètement l'appartement de l'inconnue avec qui il avait partagé une nuit.

Malgré qu'il aime s'amuser, ce n'était pas vraiment son genre de boire autant, et surtout de passer une soirée endiablé avec une parfaite inonnue -dont il ne connaissait même pas le prénom- avant de s'enfuir, mais en ce moment il avait besoin de s'empêcher de penser. Ces temps-ci tout devenait confus dans son esprit. Il souhaitait pouvoir faire son travail de garde du corp, mais malheureusement Gabriel se montrait intraitable sur la question et Alexander ne pouvait pas s'mpêcher de s'en sentir profondément blessé. Il savait que cela n'aurait pas autant dû l'affecter, mais il avait mis cela sur le compte du respect et de l'admiration que Gabriel lui inspirait. Cependant, même lui n'arrivait pas à s'expliquer cette manière qu'il avait de constament le chercher, de penser à lui... Il était du genre obstiné ainsi il s'était promis de ne jamais le lâcher d'une semelle, mais cela ne venait pas que d'une volonté de la protéger. Il voulait aussi se rassurer sur la nature de ce qu'il ressentait. Il était certain que cela n'était que de la curiosité, de l'admiration ; rien de plus. Cependant, certaines personnes le regardaient parfois avec un étrange sourire comme semblant comprendre quelque chose qu'il ne voulait pas voir. Il allait finir par s'arracher les cheveux à force de se poser des questions. Il souhaitait vraiment réussir à ne plus penser plus qu'il ne le devrait à Gabriel.

Il pris une douche rapide, mettant en route son répondeur pour être sûr qu'un message important ne l’attendait pas. Il soupira de désespoir avant de sortir les affaires qu'il allait porter. Il choisit un tee-shirt représentant superman et un jean noir. Simple, mais efficace. Il attrapa ses affaires, et partit en direction du manoir Keynes. Il marcha tranquillement jusque là bas, sachant qu'il avait le temps étant donné l'heure matinale à laquelle il était habitué à se réveiller.

Lorsqu'il arriva devant la porte de la chambre de Gabriel, il hésita un moment, ne sachant pas vraiment s'il devait montrer sa présence ou attendre dans le couloir qu'il sorte. Il respira un grand coup avant de frapper, puis après avoir était invité à entrer il osa passer la porte. Il se prépara au fait que Gabriel allait certainement vite vouloir se débarasser de lui et au fait qu'il allait une fois de plus devoir faire la sourde oreille pour pouvoir ne pas être trop loin de lui. Il comptait d'ailleurs bien obtenir une raison à l'entêtement de Gabriel à le rejeter, quitte à paraître insolent. Il balaya la pièce du regard, se sentant à la fois gêné et ravi de se trouver là. Il eut un sourire avant de saluer Gabriel.

" Bonjour Mr Keynes. " Il se campa devant Gabriel, croisant les bras sur sa poitrine alors qu'il prenait son expression la plus déterminée. " Allez-vous encore une fois m'écarter de votre chemin et si c'est le cas puis-je en connaître la raison ? " S'il comprenait la raison d'un tel rejet peut-être arriverait-il à le faire changer d'avis. Parce que bon l'idée de se sentir totalement inutile était vraiment déplaisante.

Il était tôt ce matin là quand Gabriel ouvrit les yeux. Le jeune auteur avait beau aimer dormir et faire des grasses matinées, il avait bien du mal à faire le tour de l’horloge ces derniers temps. Pourtant, il n’avait pas de réveil qui sonne, où d’heure précise qu’il devait respecter le matin. Son métier d’écrivain lui permettait de travailler chez lui quand il le voulait, et les rares fois où il allait jouer les avocats pour son père, il ne le faisait que l’après-midi (il ne faut pas exagérer non plus ! Déjà qu’il donnait de son temps libre pour une chose qu’il n’appréciait pas…) Pourquoi le sommeil le fuyait-il ? Difficile à dire… quoique plusieurs raisons forts valables lui venaient à l’esprit à cet instant précis.

Tout d’abord, les suites de la catastrophe. Cela faisait déjà quelques jours, voir semaines que les Keynes avaient pris la tête de la ville. Et même si Gabriel était heureux de pouvoir enfin exercer ses pouvoirs sans avoir à se cacher, il avait toujours été d’un naturel solitaire et discret. Toute cette publicité autour de sa famille n’allait pas l’aider à mener son petit train train de vie habituel…

Deuxièmement… ses gardes du corps… ces foutus gardes du corps ! Gaby avait trouvé l’idée géniale lorsque son père lui en avait touché deux mots pour avoir son avis. Il se sentait plus rassuré à l’idée que ses sœurs soient accompagnées vingt quatre heures sur vingt quatre au cas où des fous, et des fanatiques s’en prennent à elle par vengeance… mais en avoir lui… deux, de surcroit ! Un le jour, et l’autre la nuit… c’était tout bonnement ridicule, impensable, et surtout très vexant !

C’est ainsi qu’il se retrouvait avec Willa Donovan aux basques la nuit, et Alexander Keenan le jour. Parfois, ces deux jeunes gens alternaient pour ne pas avoir le moral qui en pâtissait (vivre que la nuit pouvait être très démoralisant et épuisant). Mais au fond… Gabriel ne leur avait jamais demandé de faire tout ça pour lui ! Qu’ils restent chez eux s’ils en avaient envie ! Qu’ils prennent un autre travail ! Il n’avait pas besoin d’eux ! Certes, il se pouvait que Willa et Alexander soient des personnes charmantes et agréables… mais il n’avait pas envie de le savoir ! Moins il trainait avec eux, mieux il se portait. Il avait toujours été seul face à ses responsabilités, ce n’était pas aujourd’hui que cela allait changer.

Bien entendu… rien n’était si simple. Malgré son attitude plus que désagréable avec eux, aucun des deux gardes ne semblaient vouloir abandonner, à son plus grand damne. Et fort est de constater que Gabriel avait à présent un énième problème… la logique aurait voulu qu’il s’entiche de sa garde du corps féminine, qui, en plus, était toujours avec lui la nuit… Mais voilà qu’il suivait plutôt Alexander du regard, ne pouvant s’empêcher de penser à lui même lorsqu’il n’était pas là… Il avait un problème. Un gros problème même. Auquel il préférait ne pas apposer de nom. Cela risquait de soulever bien d’autres problèmes, et il en avait déjà assez…

Allongé dans son lit, les yeux fixés au plafond, les bras derrière la nuque, Gabriel resta ainsi de longues minutes, le temps de se réveiller totalement. Un coup d’œil à son réveil annonça qu’il n’était que 6h30…. 6h30 ! Il aurait pu dormir deux heures de plus, facile ! Avec un soupire de frustration, il finit par se lever, torse nu comme à son habitude, un simple pantalon de jogging enserrant sa taille. Inutile de chercher à se rendormir, il se connaissait assez pour savoir que c’était tout simplement impossible. Trainant les pieds, il se dirigea vers sa salle de bain privée. Comme depuis son plus jeune âge, Gaby vivait au manoir des Keynes, une famille de sorciers, mais surtout, une famille de riches. Chaque membre de sa famille avait ses appartements privés, avec au moins une chambre et une salle de bain accolée.

Quelques secondes plus tard, le visage de Gaby se tendit sous le jet d’eau froide, qui acheva de le réveiller totalement. La vie appartient à ceux qui se lèvent tôt le matin hein… au moins allait-il avoir le temps pour sortir un peu, et revenir pour écrire la suite de son roman. Le jeune homme prit son temps sous la douche, et ressortit plus d’un quart d’heure plus tard. De par ses pouvoirs, Gabriel ne ressentait que très vaguement le froid. Il s’amusait parfois à geler l’eau de la douche quand celle-ci mettait trop longtemps à atteindre une température dite normale pour les autres humains. L’hiver ne le touchait que très peu, et il était rare de voir Gaby avait une veste, des bottes ou même des gants. Avant la catastrophe, il se « déguisait » ainsi pour ne pas attirer l’attention. Aujourd’hui, il avait au moins l’avantage de pouvoir sortir dehors en Tongue s’il en avait envie… chose qu’il ne ferait jamais bien entendu…il avait trop la classe pour cela !

Avant de choisir une tenue adaptée pour la journée, Gaby remit son bas de jogging et se dirigea vers son armoire. Une décision très judicieuse, car Alexander choisit cet instant pour venir frapper à sa porte. Réglé comme une horloge celui-là… et si Gabriel avait encore été en train de dormir ? Qu’aurait-il fait ? Il se serait attiré les foudres de l’ainé Keynes, sans aucun doute. Déjà agacé –ou plutôt sur les nerfs, à son plus grand damne – Gabriel lui dit d’entrer. Il n’allait pas le laisser devant le pas de la porte quand même… même si l’idée était tentante… Cela lui éviterait bien des mots de tête et des œillades qui se perdent.

Alexander passa enfin le pas de la porte, et aussitôt, Gabriel eut l’impression que la température venait de s’élever de quelques degrés. Il se sermonna mentalement, ne laissant rien paraître sur son visage. Impassible, comme à son habitude, il lança un regard froid à Alexander qui le salua comme si de rien était. Et eut même le culot de lui assener, planté devant lui comme un piquet, les bras croisés :

" Allez-vous encore une fois m'écarter de votre chemin et si c'est le cas puis-je en connaître la raison ? "

D’un geste impatient de la main, Gabriel se détourna pour continuer son chemin vers l’énorme armoire qui longeait le mur sur sa droite. Là, il l’ouvrit et entreprit de choisir ses vêtements pour la journée. Comme à l’accoutumée, il mettrait probablement un costume trois pièces… le tout était de savoir quelle teinte mettre. Tout en fouillant, il prit tout de même la peine de répondre à Alexander, qui, visiblement, était d’humeur à l’affrontement ce matin :

« Oui je vais t’écarter, et non tu n’en connaitras pas la raison… Après tout, tu la connais déjà ma fichue raison. Je n’ai pas besoin de garde du corps. Point final. »

Là, il se retourna vers le dit garde du corps, un costume sur un cintre, à la main. Et d’un ton à peine provoquant, il ajouta :

« Je vais me changer… est-ce que tu veux rester ici au cas où on m’attaquerait pendant que je m’habille dans ma propre maison… ? »

Il était ironique bien entendu. Une manière à lui de lui montrer qu’avoir un garde collé à ses basques 24/24h n’était pas du tout nécessaire, ni raisonnable. Et bien que la présence d’Alexander le mette toujours plus ou moins sur les rotules, il trouva assez de courage pour enlever son pantalon devant lui, se retrouvant totalement nu devant lui. Et comme si Alex n’était pas là, Gabriel entreprit de s’habiller. Ni trop vite, ni trop lentement. Il enfila son boxer, puis son pantalon qu’il ferma sur ses reins avec une ceinture. Vint ensuite la chemise, qu’il laissa un peu entrebâillée. Là, il posa enfin ses yeux sur Alex pour guetter sa réaction face au petit strip tease improvisé – qu’il avait fait à l’envers !.

Il sourit en voyant Gabriel encore en jogging. Il était rare qu'Alexander arrive à le voir dans autre chose que ses habituels costumes. Alexander adorait porter des vêtements confortables et il savait pour avoir déjà porter des costumes que cela ne lui allait pas vraiment. Cela ne collait en effet pas du tout avec sa personnalité, ainsi il se sentait déguisé et mal à l'aise. Mais autant il ne les aimait pas sur lui, autant il adorait voir Gabriel en porter. Les costumes semblaient avoir été créés pour lui. Il était déjà séduisant sans, mais il se révélait tellement élégant et classe quand il les portait qu'Alexander avait toujours du mal à le quitter des yeux.
Le problème étant que l'idée d'enlever un des dit costumes à Gabriel lui avait déjà traversé l'esprit. Ce jour-là il suivait comme à son habitude Gabriel et sentant qu'il pouvait se détendre -vu qu'il n'y avait aucune menace à l'horizon- son esprit avait commencé à virevolter vers des pensées qu'il n'aurait pas du avoir. Ainsi comme toujours son regard s'était posé sur Gabriel et il s'était demandé comme ce serait de lui enlever le costume qu'il portait. Autant dire qu'une fois seul, il avait été une fois de plus troublé des pensées qui l'agitaient et qu'après cela il avait tout fait pour ne pas avoir croisé le regard de Gabriel pendant un certain temps. Cela se révélait assez fatiguant de devoir s'obliger à rester concentré. Il n'était pas censé avoir toutes ces pensées ridicules en tête. Il devait l'admirer, juste l'admirer !

« Oui je vais t’écarter, et non tu n’en connaitras pas la raison… Après tout, tu la connais déjà ma fichue raison. Je n’ai pas besoin de garde du corps. Point final. »

C'était toujours aussi agréable de tenter de discuter avec Gabriel. Entre les moments où il faisait tout pour l'ignorer, ceux où il lui jetait un regard exaspéré, sans compter toutes les fois où il avait tenté de les semer. Il avait beau l'admirer, il y avait des fois où il aurait rêver de l'étrangler. Il devait parfois se retenir de lui dire à quel point il l'exaspérait à jouer les têtes de mule. Un jour, il allait finir par craquer et le ligoter avant de l'enfermer quelque part où il pourrait le surveiller sans problème.

Gabriel se sentait suffisament fort pour se défendre, et Alexander devait reconnaitre qu'effectivement il était très loin d'être sans défense. Mais, il trouvait aussi que Gabriel minimisait les risques. Les rebelles voulaient après tout la peau des Keynes, alors il ne fallait prendre aucun risque. Alexander aurait vraiment voulu que Gabriel cesse de rejetter sa protection, ou si il ne voulait pas le voir ainsi, alors qu'il voit cela juste comme de l'aide. Heureusement qu'Alexander était aussi buté que lui, car qu'importe ce que Gabriel dise ou fasse, il continuerait à le suivre à la trace. Pas question qu'il lui arrive quelque chose, parce qu'il se prenait pour superman !

« Vous ne pouvez pas faire tout le temps attention. Willa et moi sommes là juste au cas où qu'un jour les choses tournent vraiment mal. Et puis, cela enlèverait un poids à votre famille, ils s’inquiéteraient moins pour vous. Vous êtes puissant, mais pas invincible. »

Il voulait vraiment lui faire entendre raison, lui faire comprendre que Willa et lui voulaient juste l'aider. Qu'arrriverait-il le jour où les rebelles seraient trop nombreux ? Qu'arriverait-il si Gabriel était pris par surprise ? Alexander refusait d'imaginer qu'il puisse lui arriver quelque chose. Il ne le laisserait pas tranquille, si cela voulait dire qu'il y avait un risque qu'il soit blessé. Sa propre sécurité l'indifférait tant qu'il était certain que Gabriel irait bien.

« Je vais me changer… est-ce que tu veux rester ici au cas où on m’attaquerait pendant que je m’habille dans ma propre maison… ? »

Une peu plus et les machoires d'Alexander auraient touchés le sol. Gabriel n'allait tout de même pas s'habiller devant lui. Il avait dû mal entendre ! Il n'y avait pas de raison pour que Gabriel fasse cela devant lui.
Il pensait honnêtemet que Gabriel plaisantait, mais celui-ci enleva bel et bien son jogging juste sous ses yeux. Alexander écarquilla les yeux, incapable de croire à ce qui se passait juste devant lui. Etait-il en train de vivre une hallucination très étrange, ou Gabriel était réellement nu devant lui ?

Il aurait voulu pouvoir sortir de la chambre et faire comme si Gabriel n'était pas en train de se changer devant lui, mais son corps refusait de bouger. Il aurait aimé détourner les yeux, lui laisser de l'intimité, mais il n'y arrivait vraiment pas. Il se sentait hypnotisé par ce qu'il se passait. N'importe qui de normal se serait excusé et aurait passé la porte depuis un moment, mais tout ce qu'il pouvait faire était de suivre chaque mouvement que faisait Gabriel. Il n'aurait pas dû trouver cela incroyablement sexy, ni se sentir déçu à chaque vêtement qu'il enfilait. Il n'aurait pas dû avoir l'impression que la chaleur de la pièce avait subitement grimpé de plusieurs degrés. Il n'aurait certainement pas dû penser que bien que Gabriel soit le maitre de la glace, il le trouvait définitivement chaud.

Il eut de grandes difficultés à déglutir en voyant Gabriel poser ses yeux sur lui. S'il l'avait pu il aurait été se terrer dans le trou d'une souris. Il ne s'était jamais senti aussi gêné de toute sa vie. Il ne voulait absolument pas savoir ce que Gabriel pensait de lui à cet instant précis. Alllait-il être en colère ou dégouté qu'il soit resté planté là ? Bon sang, Alexander devait vraiment donner une image ridicule. Planté là à fixer Gabriel comme si... comme s'il souhaitait le dévorer, la respiration encore coupée sous le choc de sa réaction, se sentant rougir comme un gamin...

Il pouvait presque se sentir trembler tant il redoutait le jugement que pourrait avoir Gabriel. Il tenta de regagner un peu de maitrise, chose difficile alors qu'il sentait qu'il continuait toujours à rougir, et fit un pas en arrière, décrochant enfin son regard de Gabriel. Il le posa partout sauf sur lui, avant de prendre une respiration plus tremblante qu'il ne l'aurait voulu. Bon sang, il se sentait tellement troublé qu'il ne savait plus du tout quoi dire ou faire. Lui qui avait été si déterminé et confiant en arrivant se sentait maintenant comme pris au piège, totalement confus et perdu.

« Hum... Je suis désolé, j'ai été pris par surprise... Peut-être devrais-je demander à Willa de me remplacer... »

Il n'était pas certain de pouvoir le protéger comme il fallait vu la confusion qui régnait dans son esprit. Cela ne serait pas une bonne idée de le suivre alors qu'il serait incapable de se concentrer. Comment était-il censé être efficace alors qu'il n'arrivait même pas à poser les yeux sur lui et, que rien que la pensée de le regarder le faisait encore plus rougir.

Comme Gabriel s’en doutait, sa réponse ne plaisait pas à Alexander, qui n’allait surement pas se satisfaire d’une telle tirade pour le laisser tranquille. Pour l’amour de dieu, cet humain était vraiment trop têtu et buté ! Et arrogant, s’il pensait pouvoir changer quelque chose dans les habitudes de Gaby ou de changer Gaby tout court.

« Vous ne pouvez pas faire tout le temps attention. Willa et moi sommes là juste au cas où qu'un jour les choses tournent vraiment mal. Et puis, cela enlèverait un poids à votre famille, ils s’inquiéteraient moins pour vous. Vous êtes puissant, mais pas invincible. »

Gabriel haussa les épaules, avec un reniflement de dédain. Non, il n’était pas invincible. Même s’il était un sorcier, il n’en restait pas moins mortel. D’où la menace rebelle. Mais il était hors de question que Gabriel se mette soudain à devenir paranoïaque à cause de ces traitres. Cela leur donnait raison, et leur faisait trop plaisir. Ces traitres… malgré lui, Gabriel repensa alors à sa petite sœur et à son départ douloureux. Aussi douloureux qu’il avait pu l’être, quand on savait qu’elle n’avait pas hésité une seule seconde à les poignarder dans le dos pour prendre la tête d’un groupe qui revendiquait ouvertement leur mort… Comment avait-elle pu faire ça… ? Comment ? Ignorant le pincement au cœur qu’il venait d’avoir, Gabriel se reconstitua rapidement un masque impassible pour pouvoir répondre à son garde du corps attitré, têtu et buté.

« Que l’on protège mes sœurs et ma cousine, soit. Mais me protéger moi, c’est ridicule. Je ne vais pas m’arrêter de vivre juste parce qu’une menace pèse sur ma tête. Je ne donnerai pas cette satisfaction aux rebelles. Et de toute façon… »

Il marqua une pause et poussa un soupire d’agacement :

« Je n’aime pas être suivis et surveillé par deux humains, vingt quatre heures sur vingt quatre ! »

Un point, c’est tout, ajouta t-il mentalement. A présent, il désirait s’habiller afin de pouvoir sortir et vaquer à ses occupations. Mais la présence d’Alexander l’en empêchait… du moins…. S’il était du genre pudique. Pour prouver à Alexander qu’il avait parfois besoin d’être seul, au lieu d’être fixé à tout bout de champ, il entreprit d’enlever son jogging en dessous duquel il ne portait rien. Il avait toutefois eu la délicatesse de le prévenir avant de s’exécuter. Et pourtant, à sa plus grande surprise, Alex ne bougea pas d’un poil, et se contenta de le fixer, bouche bée. S’il n’avait pas eu autant conscience de son regard sur son corps, Gabriel aurait pu en rire, de cette expression idiote sur son visage. Mais la façon dont Alex le regardait l’empêcha de le faire. Et il ne mit que peu de temps à enfiler son costume trois pièces. Après quoi, il se tourna totalement vers Alexander, les sourcils froncés, comme pour lui demander ce qu’il faisait encore ici. Il espérait que son propre trouble n’était pas visible mais après tout, il ne pouvait s’en prendre qu’à soit même. C’est lui qui avait décidé de jouer les strip-teaseurs.

Il eut la satisfaction de le voir rougir, visiblement conscient que ce n’était pas la réaction qu’il aurait du avoir. Gabriel, pour sa part, croisa les bras sur sa poitrine, en attendant qu’il ouvre la bouche. Ce qu’il finit par faire :

« Hum... Je suis désolé, j'ai été pris par surprise... Peut-être devrais-je demander à Willa de me remplacer... »

Cette fois-ci, Gabriel rit franchement, d’un rire un peu ironique qui montrait à quel point il trouvait son idée inutile.

« Fais donc, si tu en as envie, mais je crois que le temps que Willa arrive, j’aurai disparu d’ici depuis longtemps… »


Sur ces mots, il dépassa Alexander, et attrapa la sacoche de son ordinateur, avec la ferme attention de quitter sa chambre pour aller dieu sait où. Il prit toutefois de se tourner vers Alexander juste avant de passer le pas de la porte :

« Je doute que même Willa aurait réagis ainsi si je m’étais mis nu devant elle. »


Il eut le temps de voir la mine décomposé d’Alexander avant de disparaitre dans le couloir, silencieusement satisfait et amusé. Bien malgré lui, il était flatté de la réaction qu’avait eue Alex. Il s’était attendu à ce qu’il pousse une exclamation indigné avant de se retourner, ou même qu’il quitte la pièce, mais non. Il était resté là à le regarder, à le… déshabiller du regard ? Non, il était déjà assez déshabillé à cet instant précis !

Arrivé au rez-de-chaussée du manoir de sa famille, Gabriel finit par entendre des bruits de course venant de l’étage. Humf… visiblement, la gêne n’avait pas effacé le fait qu’il était terriblement buté. Il était déjà en train de s’installer à table dans le salon pour manger son petit déjeuner quand Alexander le rejoignit enfin. Même si Gaby comptait travailler et voulait se débarrasser de son garde du corps, il n’allait tout de même pas sauter un repas. On lui apporta rapidement une tasse de café, qu’il se mit à boire en jetant un regard moqueur à Alexander.

« Tu as faim ? »