Joe & Gaby

« touché coulé »

CRÉDIT - CSS

Il y avait des jours plus pénibles que d'autres. Cette journée en faisant partis. Non content de se faire harceler par son éditeur, Gabriel avait du supporter les plaintes de son père lorsqu'il lui avait annoncé ne pas participer à la soirée des avocats qu'il avait organisé. Hors de question de mettre les pieds dans une telle soirée. Gabriel n'était pas suicidaire. Solitaire depuis son plus jeune âge, il préférait passer ses soirées seul, à son appartement, devant son ordinateur ou un bon bouquin plutôt que dans les soirées mondaines. C'était vrai avant la catastrophe, ça l'était d'autant plus aujourd'hui. Si Gabriel Keynes avait d'énormes responsabilités par le passé, il en avait d'autant plus aujourd'hui, maintenant que sa famille avait pris la tête de Salem.

Cela devait faire plus de deux jours que Gaby n'avait pas fermé l'œil, ni eut une bonne sieste méritée. Il avait donc réussi, vers 17h, à fuir toutes ses responsabilités, et à s'éclipser. Il avait songé durant un instant à prendre sa voiture, mais celle-ci était beaucoup trop voyante et repérable. Il décida donc de partir à pied. Dans son esprit, tout ce qu'il désirait, c'était du repos. Un endroit tranquille. Ou personne ne le dérangerait. Et où il pourrait éventuellement fermer les yeux pendant 5 minutes sans que personne ne viennent l'importuner sur son livre, sur le justice, ou encore, pour essayer de le tuer.

Car en effet, Gaby était l'unique enfant Keynes à avoir refusé un garde du corps. En réalité, il n'était pas le seul, Rebecca, sa jeune sœur, se plaignait sans cesse de Joe, la personne que Gaby avait chargé de sa protection. La différence entre eux, c'est que Gaby avait assez d'autorité et de pouvoir pour faire entendre sa décision. Il restait l'ainé, un homme de surcroit. Il se protégerait tout seul. Rebecca, elle, était encore jeune et fragile. Joe était parfaite pour elle.

C'est donc seul que Gabriel prit la direction du parc en essayant de se faire discret, ce qui n'était pas tache facile. Il était vêtu de son tradition costume trois pièce, et il se voyait mal enfiler une casquette pour ne pas qu'on reconnaisse son visage. Il marchait normalement, histoire de ne pas attirer le regard des autres. Mais que voulez-vous ! Gaby était bel homme, et quoiqu'il fasse, il attirait au moins les regards féminins sur lui.

Il lui fallut trois quart d'heures pour rejoindre le parc et marcher vers le lac. Son pouvoir étant la glace, Gaby ne pouvait décemment pas trouver un lieu lui permettant d'être tout à fait à l'aise avec son élément naturel. L'eau était ce qui se rapprochait le plus de la glace. Et cela réussissait tout de même à le calmer. Le bruit de l'eau, du remoud. Des gouttes, du mouvement des poissons dans l'eau. Il aurait de quoi méditer tranquillement pour reposer son esprit. Toutefois, le destin en voulut autrement, et lorsqu'il arriva près du lac, à son endroit préféré et favoris, quelqu'un s'y trouvait déjà. Immédiatement, le jeune homme sentit l'agacement s'emparer de lui. Jusqu'à ce qu'il reconnaisse la jeune femme au bord de l'eau. De loin, il vit ses cheveux bruns, sa peau mate. Il ne pouvait pas se tromper ! Il s'agissait bien de Joe Maxwell, la fameuse garde du corps de sa petite sœur. Debout, la jeune femme avait les bras tendus, et les mains à plat au dessus de l'eau. Immobile.

Amusé malgré lui, Gaby s'approcha discrètement pour admirer son manège. Qu'espérait-elle donc ? Que l'eau se mette à bouger toute seule. De là où il se trouvait, il pouvait apercevoir ses sourcils froncés, son visage concentré. Ainsi donc, elle tentait de maîtriser son nouveau pouvoir. La maitrise de l'eau n'était pas simple. Elle devait beaucoup à la force de l'esprit, et d'une certaine façon, au calme de son propriétaire. Étant donné le caractère explosif et trop énergique de Joe, il n'était pas surprenant que l'eau ne se laisse pas dompter aussi facilement.

Il finit par se rapprocher d'elle, et les mains dans les poches, il marqua une pause avant de dire :

"Malheureusement, ça ne marche pas comme ça..."

Il franchit les derniers pas qui les séparaient l'un de l'autre, et se retrouva à côté d'elle, dans la même position. Il garda toutefois ses propres mains dans les proches de son pantalon, trouvant cela plus confortable.

"Il ne suffit pas d'ordonner pour que l'eau t'obéisse, tu sais... Ce serait trop facile."

Après avoir fixé l'étendue bleue pendant de longues minutes, il finit par tourner son visage vers elle. Les traits toujours hermétiques et indéchiffrables, il lança tout de même sur un ton léger:

" Bonjour, au fait... Comment ça se passe avec Rebecca ? Elle ne te donne pas trop de fil à retordre? "